Depuis que je me suis mise à pratiquer le window farming, je me rends compte qu’un univers s’est ouvert à moi : l’agriculture urbaine ! Je ne savais même pas que ce concept avait un nom à proprement parler. Il me fallait donc obligatoirement vous faire un post pour lancer le sujet. Alors oui, cultiver son potager en ville, c’est être un agriculteur urbain, certes. Mais ce concept englobe un peu plus de choses qu’une séance de jardinage en ville ! 🙂
Tout d’abord, l’agriculture urbaine regroupe une variété d’activités : le jardinage, l’élevage d’animaux, l’apiculture, la production et transformation de produits (comme faire des confitures par exemple).
Les premières initiatives dans le domaine sont l’utilisation des toits ou des terrains publics laissés en friche ! C’est devenu un phénomène social dans les grandes métropoles ! Ainsi New York, Berlin, Stockholm, Londres etc… ont vu leurs toits verdir de partout ! Un esprit vert a soufflé sur les villes amenant une vraie bouffée d’oxygène. Copenhague a maintenant une législation qui oblige les nouveaux immeubles à posséder un toit vert, ce qui leur permettra d’augmenter la surface au sol de 5000m² !! Je pense sincèrement que cet élan a contribué à placer certaines de ces villes dans les classements de fastcoexist : The top 10 smart cities on the planet et Breakdown Of The World’s Greenest Cities !
Brooklyn Grange
Chicago
Le phénomène ne s’arrête pas aux toits bien évidemment ! Vous avez certainement dû vous rendre compte par exemple, du développement des jardins partagés, collectifs ou encore solidaires ! Les habitants d’un quartier qui cultivent en groupe un potager et se partagent (ou pas) les récoltes.
Le jardin partagé du Lapin Ouvrier, Paris XIVème
(Flickr/Frederic Dinh)
En agriculture urbaine, chaque initiative, qu’elle vienne d’un particulier, des autorités ou d’une entreprise, est mise en place afin de répondre à des besoins existants au sein d’une ville, d’un quartier. Les motivations peuvent être d’ordre individuelles ou collectives. Elles sont propres à chacun : besoin d’exercice, intégration sociale, sécurité alimentaire, développement économique, hobby etc…
En 2006, on estimait déjà à 700 millions le nombres d’individus pratiquant l’agriculture urbaine ou périurbaine dans le monde (soit une personne sur 4). Ca en fait du monde ! Alors si dans les pays les plus démunis cette pratique est principalement motivée par des raisons économiques et alimentaires, dans les pays développés elle apporte surtout des bienfaits sociaux et pédagogues.
Si la tendance actuelle se poursuit, en 2050 la population mondiale atteindra les 9 milliards d’individus. Il faudra alors accroitre de 70% la production alimentaire afin de satisfaire tout le monde. Et bien sûr, la quasi-totalité de la croissance démographique se fera dans les villes et métropoles. Autant dire qu’en l’état actuel des choses, que se soit sur le plan économique, alimentaire, social, santé publique, écologique, etc… Euuh… Comment vous le dire… C’est la cata, nous allons dans le mur ! Il faut repenser les systèmes au plus vite, on étouffe !!
C’est ici que l’agriculture urbaine me parait pleine de promesses. En effet, vous allez comprendre. Ce domaine ne concerne pas uniquement le jardinage pur, il inclue les architectes et urbanistes pour repenser la ville de demain, remet en question les circuits de distribution et nos modes de consommation, prend en compte l’impact écologique de nos actes en proposant des solution vertes et durables.
La différence entre l’agriculture rurale et l’agriculture urbaine, ne réside pas dans le simple fait qu’une production est obtenue en ville et pas l’autre. Non, non, ça serait réducteur ! L’agriculture urbaine se différencie car elle totalement imbriquée dans le système économique et écologique urbain et elle interagit avec l’écosystème urbain dans son ensemble. Elle implique et coordonne plusieurs domaines d’activités : la gestion des terres urbaines, le système d’approvisionnement des villes, le développement durable des villes, la sécurité alimentaire, l’agriculture etc…
C’est donc ici, à la croisée de thèmes comme l’alimentation, l’agriculture, l’environnement, la sociologie, l’urbanisme, la consommation, que certains esprits s’agitent et nous proposent des pistes pour la suite. Nous voyons toutes sortes de projets et d’initiatives émerger : je vous le dis c’est un domaine d’avenir !
Mais le plus simple est de voir quelques exemples. Alors après les toits et les jardin collectifs, nous pourrions citer :
Les incroyables comestibles
Une initiative née en Angleterre et qui s’exporte un peu partout depuis quelques mois : Le concept ? C’est tout bête et tellement efficace : utiliser les espaces publics pour semer faire pousser ses légumes. Semer partout où cela est possible ! Mais le plus beau c’est que ces légumes sont mis à la disposition de tous gratuitement ! De la nourriture à partager ! Renseignez-vous, ça ne m’étonnerait pas qu’une initiative soit en cours pas loin de chez vous !
Un potager urbain : PS1 MoMA
Lors du 10ème festival de musique le Warm Up à New York, les festivaliers ont eu le plaisir de pouvoir se balader dans un potager urbain. Fait de tubes en cartons recyclés qui drainent l’eau de pluie et arrosent le potager, on pouvait aussi y charger son téléphone grâce à un système de production d’énergie solaire 🙂
(Photo via Flickr)
Le Compass Green Project
Un jardin sur roues ! Installé dans un vieux camion, ce potager circule (grâce à de l’huile usagée) d’écoles en workshops afin de former les publics aux techniques d’agriculture, de développement durable. Leur état d’esprit ? « Tout le monde devrait avoir accès : au savoir sur le développement durable et à de délicieux produits sains ». Faire un tour sur leur site.
Modèle de ferme urbaine
Dickson Despommier, micro-biologiste à l’Université de Columbia, a développé un nouveau modèle d’infrastructure intelligent ! Il prône le développement de fermes verticales, hautement contrôlées, qui allierait l’hydroponie et l’aquaponie ! Ça doit rappeler des choses à certains 😉 Et pour l’éclairage : un système de LED ! Un aperçu des futurs édifices de nos villes !!
Je pourrais encore vous citer le grand boum des AMAP, la vente directe, la création d’écoquartier, vous refaire un cours sur la windowfarm etc…. Mais on en finirait pas ! Vous voyez, les initiatives recensées à travers le monde sont diverses et variées ! Et bien oui, la vie à Dijon n’est pas la même qu’à Buenos Aires ou encore à Londres, on s’en doute bien ! Les initiatives touchent à tous les domaines ! Éducation, santé, alimentation, environnement, développement durable etc… Et bien sûr cette multiplication des projets et des domaines d’activités implique forcément une multiplication des acteurs.
Et c’est là que le bas blesse 🙁
En effet, un des problèmes majeurs aujourd’hui pour la mise en pratique de grandes politiques en agriculture urbaine est l’absence de structures adaptées à la prise de décision. Et bien oui, ça touche un peu à tout alors forcément ça complique un peu (beaucoup) nos histoires ! Au niveau international, deux organismes étudient séparément le phénomène (FAO et ONU Habitat). Le premier s’occupant des questions agricoles et le second celles du développement des villes. Au niveau national la question est traitée par différentes instances qui trop souvent ne se coordonnent pas : ministère de l’Agriculture, ministère de l’Environnement, ministère des Affaires municipales, ministère de la Santé. Au niveau municipal, la situation n’est pas meilleure, car les différents services concernés par l’agriculture urbaine (Parcs et Verdissement, Développement social, Développement économique, Développement immobilier, Urbanisme, Développement durable, etc.) ne se retrouvent pas autour d’une même table. Il serait grand temps d’officialiser ce domaine d’activité et de faire interagir tous les acteurs concernés. Avançons dans le même sens 🙂
Bon malgré cette désorganisation officielle, c’est avec enthousiasme que j’annonce que l’agriculture urbaine sera certainement la solution à de nombreux enjeux de demain : environnement, santé, alimentation, développement urbain, énergie, économie, autonomie, etc.… Pourquoi ? Tout d’abord parce que ça englobe un paquet de solutions pour la suite et surtout parce que rappelez-vous : c’est avant tout un mouvement qui vient des gens eux-mêmes et aux quatre coins du globe ! Nous allons repenser les systèmes poussiéreux et apporter des solutions saines et durables. Vous, en tant que window farmer, vous êtes un élément de ce grand tout 🙂 ! Alors en attendant plus de soutient des états et des municipalités, ce mouvement social de réappropriation des villes évolue, s’organise et se développe pour notre plus grand intérêt ! C’est un domaine à suivre de très près 🙂 Pour les accrocs qui souhaitent en savoir plus, le sommet annuel de l’agriculture urbaine 2013 s’est tenu fin janvier ! Mais ça ne m’étonnerait pas que je vous présente prochainement quelques projets ou réalisations qui valent le coup d’œil 😉
Crédits photo « Chloro-City » : Kevin Perro
Sources :
L’agriculture urbaine sur wikipedia
Agriculture urbaine : quelle définition ? une actualisation nécessaire ?
Urban agriculture: multi-dimensional tools for social development in poor neighbourhoods